Ibn Qayyim al-Jawziyya (Qu’Allâh lui accorde Sa Miséricorde) a dit : « Le cœur vit dans un état de désordre auquel on ne peut remédier qu’en se tournant vers Allâh (U). Il contient une solitude que seule peut dissiper la proximité d’Allâh (U). Il contient une tristesse que seuls peuvent apaiser, le plaisir de Sa connaissance et la sincérité de la relation avec Lui. Il contient une anxiété qu’on ne peut calmer qu’en étant en accord avec Lui et en se réfugiant auprès de Lui. Il contient des feux de regrets que seule peut éteindre l’acceptation de Ses Ordres, de Ses Interdits et de Ses Décrets, dans l’attente patiente du moment de Le rencontrer. Il contient un manque qui ne peut être comblé qu’en L’aimant, en se tournant vers Lui par le repentir, en L’invoquant sans cesse, en Lui vouant un culte exclusif. En vérité, la possession de ce bas- monde et ce qu’il contient ne pourrait jamais combler ce manque !» (Madârij as-sâlikîn)
Il est clair que le cœur peut être décrit en tant que chose vivante ou morte, cependant nous pouvons aussi le classer dans trois sous- catégories : le cœur sain, le cœur mort et le cœur malade.
Le Cœur Sain
Le Jour de la Résurrection, seuls ceux qui se présenteront devant Allâh avec un cœur sain seront sauvés. Allâh a dit : ( Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allâh avec un cœur sain.) (Ste 26/V.88-89)
Il a été dit la chose suivante concernant le cœur sain : Il s’agit d’un cœur dépourvu de toute passion, n’allant jamais à l’encontre des commandements divins et étant dénué de toute impulsivité qui contredirait Sa volonté. » Il est donc étranger à toute forme possible d’adoration autre que celle du Créateur. Quand ce cœur aime, il aime en Allâh et quand il n’aime pas quelque chose, c’est parce qu’Il ne l’aime pas non plus. Quand il donne, c’est pour Allâh. Quand il s’en abstient c’est aussi pour Allâh.
Un serviteur au cœur sain doit prendre le Prophète ﷺ comme modèle unique pour ses actes et ses paroles. Il ne devra jamais donner suite à aucune autre croyance, discours ou actes qui soient étrangers à Allâh ﷺ et à Son Messager ﷺ.
Allâh a dit : ( Ô vous qui avez cru ! Ne devancez pas Allâh et Son Messager. Et craignez Allâh. Allâh est Audient et Omniscient. ) (Ste 49/V.1)
Le Cœur Mort
Il est tout à fait à l’opposé du cœur sain. Il ne connaît pas de Maître à adorer, ni de Commandements Divins à suivre. Il se cramponne à ses désirs et à ses passions, puissent-ils attirer le courroux et le mécontentement du Créateur. Ses caprices, ses passions et ses haines, ses lubies et ses ignorances deviennent l’axe principal de sa vie, « l’imâm » ou guide devant aiguiller sa vie. Il s’enivre de ses fantaisies hâtives et éphé- mères. Ses viles passions le rendent sourd et aveugle donc à tout ce qui ne provient pas du diable. S’associer ou chercher la compagnie d’une telle personne serait de la folie furieuse, vivre avec elle équivaudrait à prendre du poison et se lier d’amitié nous mènerait à notre perdition.
Le Cœur Malade
Il s’agit du cœur qui possède aussi bien une partie malade qu’une partie encore saine, vivante. Les actes pencheraient alors vers l’un ou l’autre côté du cœur. Il y a en lui de l’amour pour Allâh, de la Foi et de la sincérité en Lui et tout ceci le garde encore en vie. Cependant ses penchants vers le plaisir et la luxure pourraient le mener à sa perdition. Il est divisé entre deux hôtes : l’un qui l’appelle à rejoindre Allâh , Son Prophète ﷺ et al Âkhira, et un autre qui le pousse vers les plaisirs mondains de ce bas-monde. Le premier cœur est vivant, humble et soumis à Allâh, le deuxième et fragile et mourant, quant au troisième il vacille entre sa préservation ou sa perte.
Maintenant que nous avons parcouru les coeurs, il devient important de connaitre quels sont les signes d’un coeur malade et les signes d’alerte.
Symptômes d’un cœur malade et les signes d’alerte
Les symptômes d’un Cœur malade
Malgré le fait que son cœur puisse être malade ou sérieusement endommagé, le serviteur reste souvent inconscient de sa situation. Il pourrait arriver que son cœur vienne à mourir sans qu’il ne s’en aperçoive. Les symptômes de sa maladie ou le préambule de son décès sont essentiellement marqués par le fait que le détenteur de ce cœur ne se rend pas compte du mal qu’il provoque par ses actions. Il reste en effet imperturbable, souvent en raison de son ignorance de la vérité et de sa vantardise face à la croyance. Il arrive que le cœur plein de vie ressente de la peine ou de la douleur face à une situation qui malgré tout le dépasse. En effet, il est capable de percevoir le début de la descente en enfer sans pour autant réagir. Il préférera parfois mettre de côté la souf- france que ses actes provoquent plutôt que d’entamer une vraie cure.
Plusieurs signes de la maladie du cœur sont la résultante de son détour de la bonne nourriture aux dépens de celle qui est nuisible, des bons remèdes au détriment des maladies honteuses. Le cœur pur préférera de loin ce qui lui est bénéfique et qui le détournera de tout ce qui peut lui nuire ou porter préjudice, tout à l’opposé du cœur malade.
Ce qui compose essentiellement ce cœur sain est la foi et sa meil- leure médecine sera toujours le saint Coran.
Les signes d’un Cœur sain
Le détenteur d’un Cœur Sain est tel un passant qui dans cette vie d’ici-bas prend juste les provisions nécessaires pour pouvoir poursuivre son chemin. Telles étaient en effet les paroles du Prophète ﷺ, selon Abd Âllâh ibn ‘Oumar (Qu’Allâh l’agrée) : « Soit dans ce monde comme un étranger ou un passant. » Al Bukhârî (n°6416)
Plus le cœur est malade, plus il désire ce bas monde, il y demeurera alors jusqu’à atteindre la place qui lui est réservée. Le cœur sain continuera à provoquer des questionnements incessants chez son détenteur jusqu’à son retour auprès d’Allâh, où il sera enfin en paix, tel un amoureux qui aura finalement rejoint sa bien-aimée après de longues vicissitudes dans son chemin. Ce Cœur n’a besoin d’aucune subsistance en dehors de l’amour pour le Créateur, car après l’avoir invoqué il serait inutile de faire appel à qui que ce soit d’autre. Si le détenteur de ce cœur venait malheureusement à ne pas accomplir un des actes d’adoration journaliers dont il se nourrit, il se verrait aussi désemparé qu’un avare après la perte d’une importante somme d’argent. Il y mettra alors du temps à se rassasier, tel un être affamé en quête de nourriture et boisson.
Yahyâ ibn Mou‘âdh a dit : « Quiconque se plait à servir Allâh, n’importe qui sera heureux de le servir; quiconque prend plaisir dans la contemplation du Créateur verra les gens prendre plaisir à le contempler lui -même. »
Ce cœur n’a qu’un seul but dans sa vie : l’obéissance la plus sincère du Créateur. Il fait en effet plus attention à comment il dépense son temps, afin de ne pas le gaspiller inutilement, que le plus minutieux des comptables dans la dépense du moindre centime. Quand il est dans sa prière, le moindre de ses soucis et craintes s’évanouissent pour laisser place à l’adoration de son seigneur. Il ne cesse jamais de mentionner Allâh et ne se lasse jamais de le servir. Le soin qu’il prend à accomplir ses actions est énorme. Il est aussi très scrupuleux en s’assurant que les intentions derrière ses actes soient sincères et qu’elles aboutissent à de bons résultats.
Ibn Al Qayyim (Qu’Allâh lui accorde Sa Miséricorde) a dit : « Les meilleures choses que les âmes ont acquises et les cœurs se sont octroyées et grâce auxquelles le serviteur a joui de hautes considérations dans ce monde et dans l’Au-delà, sont : la science et la foi.
C’est pour cela qu’Allâh a joint l’une à l’autre dans Sa Parole vénérée : ( Allâh élève ceux d’entre vous qui ont la foi et ceux qui ont reçu la science, de plusieurs degrés. ) (Ste 58/V.11) »
Les causes provoquant les maladies du Cœur
Ces maladies sont causées principalement par les tentations auxquelles le cœur est exposé. Des tentations telles que celles des désirs pour ce bas-monde et les frivolités. Houdhayfa ibn al-Yamân, puisse Allâh (Le Très Haut être satisfait de lui), a dit : « Le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Les tentations se présentent devant le cœur une par une. Le cœur qui en accepte sera souillé d’une tache noire, quand à celui qui les refuse se verra démarqué des autres par sa pureté. Les cœurs sont de deux sortes alors : le cœur noirci et ressemblant à une assiette qui se serait renversée, et le cœur pur, jamais ébranlé par quelque tentation qui soit aussi longtemps que la terre et le ciel existeront. Le cœur malade ne reconnaît le bien et dénonce le mal que quand cela lui convient. »
On a pu classer le cœur confronté aux tentations en deux catégories :
Première catégorie:
1. Nous devons savoir qu’un cœur exposé aux tentations les absor- bera telle une éponge qui retiendrait toute l’eau à l’exception d’une tache noire qu’elle laisserait derrière elle. Il continuera ainsi d’ab- sorber toute nouvelle tentation qui se présente à lui jusqu’au point de devenir complètement noirci et corrompu. Arrivé à ce stade, deux maladies très dangereuses le guettent et finiront par le plonger dans la déchéance la plus totale :
– Dû au fait qu’il ne fait plus la distinction entre bien et mal, il n’a plus notion de l’ancien et du futur, des actes passés et de ceux à venir. Cette maladie peut atteindre de telles dimensions qu’il prend le mal pour du bien et vice-versa, la Sounna deviendrai bid‘a (innovation hérétique) et vice-versa;
– Le fait d’ériger ses désirs en tant que but à atteindre à la place du modèle Prophétique le rendra complètement esclave de ces derniers;
2. Un cœur pur dont la foi est forte resplendit par sa lumière. Quand il se trouve confronté à de telles tentations il s’y opposera et les rejettera, et en faisant ceci la lumière qu’il dégage sera encore plus forte.
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