Les quatre poisons mortels du cœur:
Tous les actes de désobéissance sont du poison pour le cœur provoquant sa maladie voire sa perte.
Ibn al-Moubârak (Qu’Allâh lui accorde miséricorde) a dit : « J’ai vu des mauvaises actions tuer les cœurs, ces déchéances les mèneront forcément à une addiction.»
Tourner le dos aux mauvaises actions, redonne la vie aux cœurs, y opposer donc ton cœur est ce qu’il y a de mieux.
Quiconque est donc concerné par la santé de son cœur dans la vie de tous les jours, doit réfléchir sur l’effet de ces poisons et prendre les mesures nécessaires pour se protéger. Si par mégarde il en commettait une, il devra s’efforcer d’effacer les effets qu’elle aurait pût entraîner et chercher le pardon d’Allâh. En effet, les mauvaises actions se voient parfois effacées par des actes pieux. Les quatre poisons sont les paroles futiles et superficielles, le regard effréné, le trop plein de nour- riture et les mauvaises fréquentations. De tous les maux sur cette terre, ils sont les plus répandus et ils ont les pires effets sur le comportement du cœur.
1. Les paroles futiles
Il a été rapporté dans al Mousnad, sous l’autorité d’Anas (Qu’Allâh l’agrée), que le Prophète ﷺ a dit : « La foi du serviteur ne sera pas saine tant que son cœur ne sera pas sain, son cœur ne sera pas sain tant que sa langue ne sera pas correcte. »
La purification de la foi est conditionnée donc à la purification de son cœur et la purification de son cœur est conditionnée à la purification de sa langue.
At-Tirmidhî rapporte sous l’autorité d’Ibn ‘Oumar (Qu’Allâh l’agrée) : « Ne parle pas en excès si tu ne mentionne pas Allâh , ces paroles formulées sans le rappel d’Allâh endurcissent le cœur. Il n’y pas de personne plus éloignée d’Allâh que celle au cœur dur.»
‘Oumar ibn al-Khattâb, puisse Allâh être satisfait de lui, a dit: « Une personne qui parle de trop fait souvent des erreurs. Si elle fait souvent des erreurs elle ne se comportera pas correctement. Le Feu la ciblera donc comme prioritaire étant donné ses nombreux péchés »
L’homme, par ses actes et ses paroles, sème la semence du bien et du mal et le Jour de la Résurrection, il en récoltera les fruits. Ceux qui auront semé des bonnes actions et des bonnes paroles récolteront les bénédictions et les honneurs qui leur reviennent ; quant à ceux qui n’auront semé que les graines du mal et des paroles détestables ne récolteront que des regrets et des remords.
Aboû Hourayra (Qu’Allâh l’agrée) a dit dans un hadîth : « La majorité des gens finissent en Enfer en raison de la moisson de leurs bouches et de leurs parties intimes. »
Aboû Hourayra (Qu’Allâh l’agrée) a rapporté également, que le Prophète ﷺ a dit : « Le serviteur d’Allâh profère des paroles dont il ne réalise pas la portée ou les conséquences qu’elles peuvent générer. Voilà pourquoi il risque de se retrouver dans les abîmes de l’Enfer, ces derniers étant aussi vastes que la distance séparant l’est de l’ouest. »
Un hadîth similaire a été transmis par At-Tirmidhî avec de légères variantes, le Prophète ﷺ a dit : « Le serviteur prononcera des paroles qu’il croira être sans risque pourtant, à cause de celles-ci, il sera plongé dans les profondeurs de l’Enfer aussi loin que comptent septante automnes. »
‘Ouqba ibn ‘Âmir (Qu’Allâh l’agrée) a dit : « J’ai dit : ‘ Ô Messager d’Allâh, quelle est pour nous la meilleure façon de survivre ?’ Il (Prière et Bénédiction d’Allâh sur lui) répondit : « Prends garde à ta langue, fais de ta maison un havre d’intimité et pleure tes mauvaises actions.»
Il a également été rapporté sous l’autorité de Sahl ibn Sa‘d (Qu’Allâh l’agrée), que le Prophète a dit : « Quiconque se porte garant pour ce qui se trouve entre ses mâchoires et entre ses jambes, je lui garantis l’Eden. »
Aboû Hourayra, (Qu’Allâh l’agrée) être satisfait de lui, rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Que celui qui croit en Allâh et au Jugement Dernier dise du bien ou qu’il se taise !»
Parler est donc une bonne chose, si ce dernier est correct, dans le cas contraire cela devient interdit. Le Prophète a dit à ce sujet : « N’importe quelle parole que l’enfant d’Adam prononce se retournera contre lui, à l’exception de son action d’ordonner le Bien, et d’interdire le Mal et le rappel d’Allâh Le Tout-puissant. »
Ce hadîth fût rapporté par At-Tirmidhî et Ibn Mâjah, d’après Oumm Habîba, (Qu’Allâh soit satisfait d’elle).
Un jour ‘Oumar ibn al-Khattâb rendait visite à Aboû Bakr (Qu’Allâh soit satisfait d’eux) et il trouva ce dernier en train de tirer sa langue avec ses doigts. ‘Oumar lui dit : « Arrête-toi par Allâh ! Puisse- t-Il te pardonner ! » A ce quoi Aboû Bakr lui répondit : « Cette langue m’aura emmené dans des endroits dangereux. »
‘Abd-Allâh ibn Mas‘oûd (Qu’Allâh soit satisfait de lui) a dit : « Par Allâh L’Unique ! Rien ne mérite plus ardemment une longue sentence de prison que ma langue. »
Il avait aussi pour habitude de dire : « Ô ma langue, dis du bien et tu en tireras profit ; détourne-toi des mauvaises paroles et tu seras en sécurité, autrement tu n’auras que des regrets. »
Al Hasan a dit (Qu’Allâh lui accorde miséricorde), quant à lui : « Quiconque ne retient pas sa langue ne comprendra jamais sa religion. »
Le plus petit des péchés que la langue peut commettre est de parler de ce qui ne la concerne point. Le hadîth qui suit nous indique clairement la portée de cette faute: « L’un des mérites de l’influence de l’Islam chez une personne est qu’il ne s’occupe plus de ce qui ne le concerne pas. »
Aboû ‘Oubayda relata que, al-Hasan lui avait dit : « Un des signes montrant que le serviteur abandonne son Créateur est qu’il se préoccupe de ce qui ne le concerne pas.»
Sahl a dit : « Quiconque parle de ce qui ne le concerne pas n’est pas digne de confiance. »
Ainsi, tel qu’il a été expliqué, il s’agit du moindre mal que la langue peut provoquer ; il y a en effet des choses bien pires telles que la médisance, le commérage, la tromperie et l’obscénité, le double visage et le discours hypocrite, les querelles, la moquerie, le mensonge et la dérision qui peuvent définitivement provoquer la ruine du cœur et la perte de son bonheur ici-bas ainsi que sa déchéance dans le monde de l’Au-delà. Allâh est le Seul auprès de qui nous devons chercher du secours.
2 : Le regard effréné
Il est la conséquence du regard qui se pose sur tout ce qui l’attire et dont les images restent imprimées dans le cœur. Différentes sortes de corruptions risquent de s’installer par la suite dans le cœur du serviteur. Elles sont les suivantes :
Il a été rapporté que le Prophète ﷺ a dit à ce sujet : « Le regard est une flèche empoisonnée de Satan (le maudit). Celui qui baisse son regard pour Allâh, se verra insuffler dans son cœur une brise rafraîchissante le Jour du Jugement. »
Ach-Chaytân (le maudit) voyage par le regard démesuré, plus vite que le vent qui se lève sur une place déserte. Il rend les choses que l’œil voit beaucoup plus attirantes qu’elles ne le sont en réalité. Il les transforme afin que le cœur en fasse une idole à vénérer. Il lui promet des récompenses mirobolantes et attise ce désir en le nourrissant de choses interdites. Le serviteur n’aurait jamais commis ces actions s’il ne s’était pas laissé entraîner par ces regards déformés par Ach-Chaytân (le maudit).
Tout ceci détourne le cœur des choses importantes qui le concernent devenant une barrière entre les deux. Le cœur ne retrouve plus le bon chemin et se retrouve dans la voie du désir et de l’ignorance. Allâh a dit : ( Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant le (faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier. )(S18/V.28)
Il a souvent été dit qu’il existe une connexion entre l’œil et le cœur ; si les yeux ont été corrompus le cœur suivra indéfectiblement. Il devient un ramassis déraisonnable de saleté, poussière et pourriture où il n’y a guère de place pour Allâh ni pour tout ce qui Le concerne.
Allâh dit : ( Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allâh est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. ) (S24/V.30)
Il est clair que seul celui qui obéit aux Commandements divins peut trouver la joie dans ce bas-monde ; de même, seul le serviteur d’Allâh réussira à trouver la paix dans le monde de l’Au-delà. D’ailleurs, laisser son regard voyager librement équivaut à envelopper son cœur d’un manteau de noirceur comme il est clair que baisser son regard pour Allâh l’enveloppe de lumière.
Allâh dit dans la même sourate que celle citée précédemment : ( Allâh est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat ; son combustible vient d’un arbre béni : un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allâh guide vers Sa lumière qui Il veut. Allâh propose aux hommes des paraboles et Allâh est Omniscient. ) (S24/V.35)
Quand le cœur est rempli de lumière, il attire le bien de toutes directions. S’il est dans le noir, les nuages du malin et les afflictions qui l’accompagnent viendront l’envelopper.
Quand le cœur est rempli de lumière, il attire le bien de toutes directions. S’il est dans le noir, les nuages du malin et les afflictions qui l’accompagnent viendront l’envelopper.
Relâcher son regard rend le cœur incapable de distinguer entre la vérité et la tromperie, entre la Sounna et les innovations ; par contre, baisser son regard pour Allâh, lui insufflera une perspicacité hors du commun.
Un homme sage a dit jadis : « Quiconque enrichi sa conduite extérieure par l’obéissance de la Sounna rendra son âme saine. Elle l’avertira désormais afin qu’il détourne ses yeux des interdits et pour qu’il s’éloigne de tout ce qui est douteux. S’il se tient donc à ce qui est licite, cette vigilance intérieure ne lui fera jamais défaut. »
3 : Le trop plein de nourriture
L’absorption de petites quantités de nourriture est la garantie de la tendresse du cœur, sa force de caractère, la faiblesse de son désir et son humilité ainsi que la gentillesse du caractère. Al-Miqdâm ibn Ma‘ad Yakrib (Qu’Allâh l’agrée) a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allâh dire : « L’estomac est le récipient qu’Allâh déteste le plus se voir remplir. Quelques morceaux devraient être suffisants au fils d’Adam pour garder ses forces. S’il devait le remplir, un tiers de celui-ci doit être réservé pour la nourriture, un tiers pour la boisson et le derniers tiers doit être laissé vide afin qu’il facilite la respiration. »
L’excès de nourriture peut entraîner de nombreux dégâts. Il mène le corps à la désobéissance d’Allâh lui rendant difficile tout acte d’adoration. Un estomac trop rempli a causé maintes et maintes fois des mauvaises actions refoulant tout rappel d’Allâh.
Quiconque se protège contre les dangers provoqués par l’excès de nourriture aura évité un grand péché. Il est évidemment beaucoup plus facile au Diable de contrôler une personne ayant rempli son estomac avec mets et boissons. Voilà pourquoi on dit souvent : « Restreint les chemins du Diable par le jeûne. »
Il a été rapporté que, jadis, il y avait un groupe de jeunes hommes de la Tribu d’Israël qui étaient en pleine adoration quand le moment de rompre leur jeûne arriva. Un homme se leva alors et leur dit : « Ne mangez pas de trop, autrement vous boirez de trop et vous finirez par vous allonger et vous endormir. Vous perdrez ainsi beaucoup trop. »
Le Prophète ﷺ et ses Compagnons, (Puisse Allâh être satisfait d’eux), avaient pour habitude de rester sur leur faim assez souvent. C’est le cas d’Ibn ‘Oumar et de son père qui, malgré l’abondance de nourriture dont ils disposaient, ils avaient adopté les mêmes habitudes alimentaires que le Prophète. Il a été rapporté que la mère des croyants Âïcha, (Qu’Allâh soit satisfait d’elle), a dit : « Depuis son arrivée à Médine et jusqu’à son décès, la famille de Mouhammad ﷺ ne mangea jamais du pain de blé plus de trois nuits d’affilée. »
4 : Les mauvaises fréquentations
Les mauvaises fréquentations sont un mal chronique qui provoque malheureusement d’énormes dégâts. Combien des fois ne nous trouvons-nous pas éloignés du rappel d’Allâh à cause des gens qui nous entourent ?
Ces gens sèment la discorde dans le cœur des croyants, ce sentiment dont même le passage du temps n’arrive pas à effacer les dommages.
Le serviteur devrait tirer profit à chaque occasion de ses compagnons. Dans ce but, il devrait classer les gens en quatre catégories et prendre garde à ne pas mélanger celles-ci, autrement le diable trouverait de quoi se faufiler entre elles.
Première catégorie
Il s’agit des personnes dont la compagnie nous est aussi indispensable que la nourriture dont nous avons besoin pour survivre. Ils sont présents quand le serviteur a besoin d’eux mais une fois leur aide apportée, ils se retirent jusqu’à ce qu’on les requière à nouveau. Ils deviennent donc indispensables. Ce sont des êtres qui possèdent les connaissances religieuses qui font défaut à beaucoup de croyants. Ils connaissent les commandements divins, les intrigues du malin, les maladies de l’âme ainsi que les remèdes nécessaires à sa guérison. Ils vous veulent du bien pour Allâh, Ses Prophètes et Ses serviteurs. L’association du croyant avec ce genre de personnes est un bien pour sa religion.
Deuxième catégorie
Nous avons là des gens dont la présence est comme un médicament. On fait appel à eux seulement quand la maladie se déclare car, quand on se porte bien on n’a nullement besoin d’eux. La fréquentation de ces personnes nous est parfois bénéfique dans les affaires qui touchent à la vie de tous les jours (moyens de subsistance, commerce, consultations) Cependant, une fois leur rôle accompli, il ne serait pas souhaitable pour le serviteur de continuer à traiter avec eux.
Troisième catégorie
La présence de ces individus est totalement nuisible. Leur fréquentation se transforme en un mal qui peut ronger le serviteur de l’intérieur et souvent le mal qui en découle est incurable. Aucun profit ne sera jamais tiré de cette fréquentation, ni dans la vie d’ici bas ni dans celle de l’au-delà. En les fréquentant on perd aussi bien son temps que sa religion. Et si, malgré les mises en garde, ce genre de compagnon établi son emprise sur le serviteur, celle-ci s’avérera fatale voire terrifiante.
Parmi ces mauvais individus se trouvent ceux dont le parler ne sera jamais bénéfique au croyant et sur qui on ne pourra jamais compter. Ils n’écoutent jamais leur âme, qui a pour but de les remettre dans le droit chemin. Quand ils parlent, leurs paroles blessent les auditeurs tels les coups portés par une canne. Ils causent le chagrin de ceux qui les entourent alors qu’ils sont persuadés d’être tendres et affectueux. Quand ils se taisent, leur silence est plus pesant qu’une meule qui serait trop lourde pour accomplir sa tâche.
La présence souvent inévitable de tels individus peut être pesante pour le cœur d’un vrai croyant. En effet, le monde est rempli de pareilles personnes et parfois on est obligés d’être en contact, voir même de travailler avec eux. Quand un tel rapport s’installe, le croyant devra tout simplement avoir un bon comportement, protégeant son âme jusqu’à ce qu’Allâh lui offre une issue à cette situation déplaisante.
Quatrième catégorie
Il s’agit de ceux dont la simple présence attire la ruine et la perdition. Cela équivaut à prendre du poison car si leur victime ne trouve pas très vite un antidote, elle décède. Beaucoup de personnes appartiennent à cette dernière catégorie. Il s’agit de ceux qui sèment les innovations religieuses et la mécréance. Ils ont abandonné la Sunna du Messager d’Allâh ﷺ et invoquent d’autres croyances. Ils appellent sunna ce qui est en réalité une innovation et vice versa. Un homme avec un intellect quelconque ne devra jamais s’asseoir avec eux ni fréquenter leurs assemblées, sous peine de voir son cœur tomber malade jusqu’à défaillir.
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